Nous vous l'annoncions en avril dernier. Un an seulement après sa commercialisation sur le marché américain, la Fisker Karma est
disponible sur notre territoire. Cet engin hors du commun, qui avait fait ses débuts au
Salon de Detroit en 2008sous forme de concept-car, nous a été confié pour quelques jours. Un essai particulier.
Avec ses 5 mètres pour 1,985 m de large (sans rétroviseurs), la Fisker Karma n'est pas du genre à passer inaperçue. Cette californienne aux origines nordiques (son créateur Henrik Fisker est né au Danemark en 1963) puise son inspiration chez l'
Aston Martin DB9 et la
BMW Z8… Une inspiration qui s'explique par le fait que son créateur a officié comme designer chez ces constructeurs prestigieux, avant de tenter sa propre aventure.
Outre son gabarit "ricain", les proportions de la Karma sont pour le moins singulières, notamment avec un capot avant interminable, ces
roues immenses de 22 pouces (un record sur le marché) et une très faible hauteur de pavillon.
Avec de tels atours, la discrétion n'est pas de mise : attendez-vous à être interpellés toutes les 30 secondes par les badauds, par les automobilistes, motards et même les gendarmes.
PROLONGATEUR D'AUTONOMIE
Alors que la concurrence s'affronte à coups de V8 ou de V12, Fisker a choisi une toute autre option. Celle de la haute technologie et de l'avenir. Plutôt que de singer
Tesla et sa stratégie 100% électrique, les concepteurs de la Karma ont choisi la solution du
prolongateur d'autonomie déjà observée sur le binôme
Chevrolet Volt /
Opel Ampera. Ainsi, impossible de tomber en rade, puisque
cette super routière se nourrit aussi à l'essence.
La Fisker Karma est équipée d'un
moteur thermique (212 ch) qui recharge la
batterie lithium-ion via un générateur. La batterie se charge de fournir en énergie
deux moteurs électriques (2 x 150 kW) placés sur le différentiel arrière.
Concrètement, la Fisker Karma peut rouler en 100% électrique, en hybride ou en thermique, à condition d'avoir fait, bien sûr, le plein en électricité et en Super. Les valeurs de puissance maximales sont impressionnantes, puisque l'américaine peut développer jusqu'à
408 ch et 1.300 Nm de couple !
SCIENCE-FICTION
Alors que les clients prêts à débourser 100.000 € ou plus pour une auto de standing ne jurent que par des motorisations nobles, celui qui opte pour une Fisker Karma est plutôt du genre militant.
D'ailleurs, pour s'en convaincre,
il suffit d'actionner le démarreur pour profiter d'une sonorité particulière. Et pour cause, elle est inexistante ! Et pour cause, en ville, le fonctionnement est électrique. Même si nous avons essayé bon nombre de voitures électriques, force est de constater que nous sommes toujours surpris par ce silence de cathédrale, surtout pour une voiture typée sportive.
Au final, ce n'est pas désagréable, d'autant que Fisker a tout de même prévu un petit sifflement pour alerter les passants. Sifflement pas toujours perceptible dans une rue bruyante. Un conseil, soyez vigilants en ville et gare aux piétons distraits (ils sont nombreux). Espérons néanmoins que le constructeur propose à terme une option "sonorité sportive" pour combler les plus exigeants.
PERFORMANTE MAIS LOURDE
Avec 2,5 tonnes sur la balance, la Fisker Karma n'est pas une voiture légère. Bien au contraire. Du coup, les 408 ch et 1.300 Nm (en
Sport Mode) ne sont pas de trop pour déplacer l'engin.
La Fisker répond bien, mais ses accélérations ne vous collent pas au siège. Du coup,
les 6,6 secondes annoncées pour l'épreuve du 0 à 100 km/h nous paraissent un poil optimistes et laissent le puriste sur sa faim. A sa décharge,
la transmission à 1 seul rapport manque de réactivité et bride un peu les relances.
Mais, est-il besoin de le rappeler, la Fisker Karma n'est pas une voiture sportive. C'est davantage une grande routière qui en a sous le pied quand il le faut. Et sur ce point, c'est mission accomplie.
En revanche, là où l'américaine met tout le monde d'accord, c'est en matière de consommation. C'est bien simple, Après un rechargement sur secteur pendant 5 heures, la Fisker Karma permet une autonomie de
80 km en mode 100 % électrique. Du coup, en ville et à condition de jouer le jeu (évitez de démarrer pied à la planche), on ne consomme pas d'essence. C'est habituellement le point faible des grosses cylindrées.
Forcément, l'autonomie générale y gagne.
Sur un parcours de 500 km entre l'Ile-de-France et la Haute-Normandie, essentiellement composé de portions autoroutières, nous avons consommé environ
8 litres aux 100 km. C'est davantage qu'un "gros" Diesel BMW, mais cela reste très raisonnable vu la taille, le poids et la puissance de l'engin.
GRAND LUXE
Qu'il est plaisant de monter à bord d'une voiture offrant un environnement inédit.
L'habitacle de la Fisker Karma a de quoi impressionner. Sa planche de bord est large, aérée et apaisante.
Conscient qu'une motorisation électrique ne suffit pas à en faire une voiture "propre", les gens de Fisker ont développé leur Karma en
maximisant son empreinte écologique. Cela se traduit par le recours à des
peintures à base d'eau à l'extérieur, mais aussi à bord, à du
bois de récupération et à du
cuir obtenu uniquement sur du bétail destiné à l'abattage alimentaire.
Malgré ces "contraintes", le constructeur propose jusqu'à 6 teintes d'intérieur différentes, dont notre
Canyon Tri-Tone qui sied parfaitement à notre modèle.
Si la finition n'est bien sûr pas tout à fait comparable à celles des références établies, allemandes ou britanniques, force est de constater que
la qualité de fabrication est au rendez-vous, pour une voiture construite en petite série. On regrettera juste l'ergonomie quelque peu discutable du système de navigation et son système tactile pas toujours très rapide.
Outre ce sérieux, la Fisker Karma offre quatre fauteuils particulièrement confortables. Que ce soit à l'avant ou à l'arrière, il fait bon voyager à bord de cette auto d'exception, d'autant que l'espace y est assez généreux. Mais avec une longueur de 5 mètres et un empattement de 3,16 m, c'est la moindre des choses.
Seul le
coffre s'avère décevant, avec seulement 195 litres de volume utile. Ce sera donc plutôt week end que
road trip!
TROIS FINITIONS, DES TARIFS CONCURRENTIELS, MAIS…
La Fisker Karma est disponible en trois niveaux de finition sur le marché français, et débute à partir de
109.500 euros (
EcoStandard), auxquels il faut déduire le
Bonus de 3.500 euros, qui porte son prix réel à 106.000 euros.
Pour ce tarif, on aurait souhaité une sellerie cuir ou le système de navigation. Il faudra pour cela s'offrir le cœur de gamme
EcoSport vendu
119.100 euros (115.600 euros après déduction de la prime). L'équipement est le suivant : cuir cousu main, système de navigation, caméra de recul, audio surround 5.1, airbags conducteur et passager avant, airbag genoux pour conducteur et passager avant, airbags latéraux à l'avant, airbags rideaux à l'avant et à l'arrière, phares bixénon, système de contrôle de la pression des pneus, entrée AUX et port USB…
A ce niveau de gamme, la seule véritable concurrente se nomme
Porsche Panamera S Hybrid. Forte de 380 ch, elle est vendue 107.794 euros. Si l'engin de Stuttgart reste intouchable en matière de performances, il est battu à plate couture par la Fisker Karma aux chapitres consommation… Et originalité !
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